Selon Patrick Pelloux: La grève des médecins libéraux dévoile une crise plus large du système de santé

Le mouvement de grève des médecins libéraux qui a eu lieu ces derniers jours en France met en lumière une crise plus large au sein de notre système de santé. Selon le Dr Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l’Association des médecins urgentistes de France, il s’agit d’une crise de modèle qui touche à la fois les médecins libéraux, les hôpitaux et les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).

Le Dr Pelloux souligne que les médecins libéraux, qui sont au premier contact avec les patients, sont de plus en plus sollicités et débordés, tandis que les hôpitaux sont en sous-effectif et sous-dotés en moyens. De plus, les Ehpad connaissent des difficultés importantes en termes de financement et de personnel.

Selon lui, il est nécessaire de revoir l’ensemble du système de santé pour répondre aux besoins de la population et garantir une prise en charge de qualité pour tous. Cela passe notamment par une meilleure répartition des moyens et une plus grande collaboration entre les différents acteurs de santé.

Il est important de noter que la grève des médecins libéraux ne concerne pas seulement la demande de doublement de salaire, mais aussi des revendications concernant leur statut et leur reconversion professionnelle. Cela étant dit, il est vrai que cette grève a des conséquences importantes pour les patients, et il est essentiel que les médecins libéraux tiennent compte de cet impact lors de la décision de se mettre en grève. Il est également important de souligner que la crise actuelle dans les hôpitaux publics ne justifie pas nécessairement l’abandon des revendications des médecins libéraux, mais plutôt la recherche de solutions pour améliorer le système de santé dans son ensemble.£

Il y a des changements à apporter au système de santé. Selon moi, le temps de l’exercice médical individuel dans un cabinet est terminé et il est important de promouvoir le travail en groupe. En outre, il devrait être obligatoire pour tous les médecins, y compris ceux travaillant dans les technostructures, de participer à la permanence des soins. La France ne devrait pas former des médecins pour qu’ils ne prennent plus en charge de patients par la suite. Les médecins hospitaliers doivent effectuer des gardes et participer à la permanence des soins, tandis que la médecine de ville n’a aucune obligation de ce type. De plus, les médecins libéraux bénéficient d’une défiscalisation de 70% pour la permanence des soins depuis 2008, alors qu’il n’en est pas de même pour le personnel hospitalier public. Cette inégalité doit être prise en compte dans les réformes du système de santé. Par exemple, un médecin libéral peut gagner 100 euros de l’heure pour ses gardes de nuit, soit 1600 euros défiscalisés, alors qu’un médecin hospitalier perçoit 243 euros fiscalisés pour ses gardes de nuit. Lutter contre les inégalités devrait être l’un des objectifs principaux des réformes du système de santé.

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