La pénurie de main-d’œuvre produit un effet domino sur l’hôpital », explique le directeur du CH de Saint-Malo

Deux syndicats, Sud Santé et la CGT, ont lancé une grève illimitée il y a deux semaines. L’une des craintes de ces deux syndicats, c’était l’engorgement des urgences au moment de la Route du Rhum. Le directeur de l’hôpital de Saint-Malo dresse le bilan de la saturation des urgences.

Deux syndicats, Sud Santé et la CGT, ont lancé une grève illimitée il y a deux semaines. L’une des craintes de ces deux syndicats, c’était l’engorgement des urgences au moment de la Route du Rhum. « Nous avons eu une journée où le personnel soignant a été saturé », déplore Éric Adam, délégué Sud Santé à l’hôpital de Saint-Malo. Le directeur du centre hospitalier de Saint-Malo, François Cuesta, répond sur France Bleu Armorique et dresse le bilan lors de la Route du Rhum.

France Bleu Armorique : Comment ça s’est passé la Route du Rhum ?

François Cuesta : Nous avons une moyenne de passage aux urgences de 120 passages par jour. Sur cette période, nous avions travaillé avec les médecins et l’encadrement sur l’organisation de la prise en charge de ces urgences. Il faut savoir qu’en été, on est à 140 passages en moyenne et nous avions choisi, pour sécuriser la prise en charge, d’avoir une configuration aux urgences du même niveau que ce qu’on a en été. Ça veut donc dire un renfort afin que les urgences puissent prendre en charge les patients. Et vous voyez que finalement, avec 120 passages en réalité contre 140 en été, finalement l’activité était à un niveau tout à fait raisonnable.

Pourtant Eric Adam, représentant Sud Santé, souligne que pendant la Route du Rhum, le personnel s’est retrouvé en grande difficulté. Qu’est-ce que vous répondez à cela ?

Nous avons sur le territoire des fermetures de lits qui auraient été en nombre assez important cet été. Nombre de lits de l’ordre de 160 lits en moins à peu près sur le territoire, répartis entre les différents établissements publics et privés. Et le résultat de ces fermetures de lits liés à la pénurie de main-d’œuvre, voilà ce qu’on connaît en France, un peu dans tous les domaines. Eh bien on le connaît aussi dans la santé. Ça produit un effet domino sur l’hôpital, c’est-à-dire que les patients ne pouvant être accueillis à la sortie de l’hôpital, soit dans d’autres structures, soi-même pour le retour à domicile, s’ils ont besoin d’être assistés faute de personnel. Eh bien, ça peut un effet domino, c’est-à-dire que les patients ne sortent pas de l’hôpital puisqu’ils n’ont pas de place à l’extérieur. S’ils restent dans les lits de l’hôpital, les patients qui arrivent aux urgences restent aux urgences au lieu de monter dans les étages. Ce qui fait que la charge de travail pour le personnel des urgences peut augmenter pour ces raisons-là.

Mais alors, qu’est ce qu’on peut faire pour améliorer cette situation ?

C’est un travail de longue haleine qui concerne tout le territoire puisque chacun depuis sa porte doit essayer de  rouvrir des lits malgré la pénurie de main-d’œuvre. Sur l’hôpital de Saint-Malo, on a quasiment rouvert tous les lits, sauf des lits de soins de suite et de réadaptation et quelques nuits d’EHPAD. Donc, c’est plutôt en progrès sur notre hôpital. Ça ne s’arrête pas là puisqu’on a mis en place une composante de coopération sanitaire avec le soutien de la ARS. C’est une structure juridique qui permet de travailler avec les médecins de ville, les infirmiers libéraux ainsi que d’autres structures. L’idée, c’est de pouvoir créer des postes d’infirmiers dont l’exercice permet de faciliter la sortie des patients de l’hôpital en lien avec les médecins de ville. Ça, c’est une des idées qui est déjà en place. On a déjà deux infirmiers qui ont été mis en place. On a un autre projet qui est en train d’être réalisé, qui se finalisera en 2023. C’est la mise en œuvre d’un logiciel permettant de gérer la disponibilité des lits de façon à donner aux urgences en temps réel, la disponibilité des lits pour faciliter les transferts.

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