Stratégie du gouvernement pour éviter un nouveau reconfinement

Les autorités sont confrontées à une tension croissante en réanimation, mais souhaitent éviter les confinements. Le ministre de la Santé a détaillé les mesures pour y faire face.

Faut-il reconfiner le pays, ou certaines régions comme l’Ile-de-France ? C’est ce que réclament certains soignants, face à la pression toujours forte dans les hôpitaux, et notamment les services de réanimation. Cette situation oblige à des transferts de malades du Covid-19, l’exécutif souhaitant écarter de nouveaux confinements, au coût économique et social important. 

Le seuil des 4000 malades du Covid-19 en réanimation a été de nouveau dépassé, a précisé le ministre de la Santé Olivier Véran ce jeudi soir lors de son point hebdomadaire sur l’épidémie. C’est une première depuis fin 2020. Il s’agit d’un niveau encore éloigné des pics de la première (7000 au printemps) et de la deuxième vague (4900 à l’automne). Mais le rythme des admissions s’est nettement accéléré depuis la mi-janvier. Le ministre de la Santé a fait le point sur cette situation extrêmement tendue et a détaillé les mesures pour soulager la pression dans les régions les plus vulnérables. 


Evacuations, déprogrammations… confinement ?

La situation reste « très hétérogène » d’une région et d’un département à l’autre, trois régions continuant de concentrer les inquiétudes (Hauts-de-France, Ile de France et PACA), a déclaré le ministre. « Toutes les 12 minutes, un Francilien est admis en réanimation », a-t-il précisé, alors qu’un confinement de l’Ile-de-France est toujours écarté. 

La région francilienne constitue le point noir en France. Les services de réanimation dans la région soignent désormais 1080 patients. Mercredi, l’Agence régionale de santé (ARS) a donc donné l' »ordre ferme » aux hôpitaux et cliniques de déprogrammer 40% de leurs activités médicales et chirurgicales pour atteindre une capacité de 1577 lits de réanimation. 

Mais au rythme actuel, il pourrait y avoir 1500 patients en réanimation à la fin du mois de mars, « ce qui correspond à un seuil critique pour les hôpitaux de cette région », a déclaré Olivier Véran. Pour y faire face, des « dizaines voire centaines » de patients pourraient être transférés depuis la région.  

Le ministre a mis en avant une « solidarité cruciale » entre les régions. « La pression hospitalière va continuer à monter », a également indiqué le ministre. « Si l’épidémie se poursuit à ce niveau et à ce rythme (…), alors nous prendrions toutes les mesures nécessaires » pour freiner les contaminations, a-t-il affirmé. 

Gabriel Attal a annoncé mercredi « un certain nombre d’évacuations sanitaires » d’Ile-de-France vers d’autres régions. Quatre patients venant de Nice et deux venant d’Aix-en-Provence ont été transférés mercredi et jeudi à Toulouse, Cahors et Tarbes, selon le CHU de Toulouse. 

A défaut de confinement national, des confinements le week-end restent en vigueur dans certaines régions. Dans les Alpes-Maritimes par exemple, où la mesure va être reconduite samedi et dimanche. Ou à Dunkerque et dans le département du Pas-de-Calais, où il sera maintenu jusqu’à la fin mars.  


Miser sur la vaccination

A Mayotte en revanche, il sera levé progressivement à partir du 15 mars, après cinq semaines qui ont permis d’inverser la courbe de l’épidémie. A Wallis et Futunas, on attend au moins 18 000 doses de vaccins pour protéger la population majeure de cet archipel polynésien et tuer dans l’oeuf l’apparition de l’épidémie. 

Au niveau national, les autorités parient sur une accélération de la campagne de vaccination, avec un objectif de 10 millions de premières injections d’ici mi-avril. Un bond substantiel par rapport aux 4,3 millions de personnes ayant reçu au moins une dose. 

Mais cette campagne reste tributaire d’une régularité des approvisionnements toujours fragile, des réticences de certains à se faire vacciner, et de la coordination entre tous les acteurs. La décision du Danemark, de l’Islande et de la Norvège de suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins pourrait alimenter la défiance envers ce vaccin. Il n’y a « pas lieu de suspendre » la vaccination avec AstraZeneca en France, a cependant déclaré Olivier Véran. 

« Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade », a affirmé Olivier Véran en conférence de presse. Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont pris la décision inverse en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins, mais ce risque n’est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres », a-t-il souligné. 

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