Santé mentale : un quart des jeunes Français touchés par la dépression
Une étude de la Mutualité Française, menée avec l’Institut Terram et l’Institut Montaigne, révèle un constat alarmant : 25 % des jeunes de 15 à 29 ans présentent des symptômes dépressifs. Plus inquiétant encore, 31 % déclarent avoir déjà songé à se faire du mal ou à mettre fin à leurs jours.
Une souffrance sous-estimée
La santé mentale des jeunes Français est régulièrement évoquée dans le débat public, mais l’ampleur du phénomène reste largement sous-estimée. Seuls 14 % des sondés estiment être en mauvaise santé psychique, révélant un décalage entre la perception et la réalité.
« Cette étude, inédite par son ampleur, révèle des constats alarmants. Face à cette réalité, nous ne pouvons plus rester spectateurs », insiste Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française.
Des disparités fortes selon le genre, l’âge et le territoire
Femmes : 27 % déclarent être en dépression (29 % avant 22 ans), contre 22 % des jeunes hommes (19 % avant 22 ans).
Jeunes en précarité : 47 % souffrent de dépression, soit près de trois fois plus que ceux sans difficultés économiques.
Outre-mer : les chiffres explosent, avec 52 % de jeunes concernés en Guyane et 44 % en Martinique.
Par âge : le pic concerne les 22-25 ans (28 %), suivis des 18-21 ans (27 %).
Les causes d’un mal-être grandissant
L’étude met en avant un cocktail explosif de facteurs :
Écoanxiété et actualité internationale : 83 % des jeunes se disent angoissés par le contexte mondial, et 77 % par la crise environnementale.
Pression scolaire et professionnelle : 87 % sont stressés par leurs études et 75 % par leur travail. Parmi eux, 33 % des étudiants et 41 % des actifs souffrent de dépression.
Harcèlement : 52 % ont déjà été victimes de harcèlement scolaire, et 26 % de cyberharcèlement (dont 5 % de manière récurrente).
Hyperconnexion : 1 jeune sur 2 passe plus de 3 heures par jour sur les réseaux sociaux. Le taux de dépression grimpe à 44 % pour ceux qui dépassent 8 heures d’écran, contre 15 % pour ceux qui y consacrent moins d’une heure.
Prévention et accès aux soins : une urgence
Malgré l’ampleur du problème, seuls 38 % des jeunes ont déjà parlé de leur santé mentale à un professionnel. Honte, peur du jugement et coût des consultations expliquent en partie ce faible recours.
Les jeunes expriment des attentes claires :
36 % souhaitent plus de prévention ;
34 % demandent un meilleur accès aux soins psychologiques.
Une responsabilité collective
En cette année où la santé mentale est érigée en grande cause nationale, les conclusions de cette enquête appellent à une réaction rapide. Prévention, accès aux soins et sensibilisation apparaissent comme des leviers incontournables pour répondre à ce défi majeur.