Quand la cardiologie aide à prédire le risque de cancer

Quand le cœur révèle le risque de cancer

Peut-on lire dans le cœur des indices annonciateurs d’un cancer futur ? C’est la question à laquelle a répondu une équipe de biologistes et de cardiologues de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Leurs travaux, publiés dans le Journal of the American College of Cardiology, révèlent qu’il est possible d’identifier un risque accru de cancer grâce à certains biomarqueurs cardiaques, en particulier la troponine T, et cela même en l’absence de maladie cardiaque déclarée.

Des biomarqueurs qui parlent plus qu’au cœur

La troponine T est traditionnellement utilisée comme marqueur d’un infarctus ou d’une souffrance cardiaque. Mais l’étude montre qu’un taux légèrement élevé de ce biomarqueur, chez des patients ne présentant pas de pathologie cardiaque, est associé à un risque accru de développer certains cancers au cours des années suivantes.

Ces résultats suggèrent que le système cardiovasculaire reflète l’état global de l’organisme, bien au-delà des seules maladies cardiaques. Les chercheurs parlent ainsi de véritables « signaux précoces » qu’il serait possible d’intégrer dans des stratégies de dépistage élargies.

Un pont entre cardiologie et oncologie

L’étude met en lumière un lien étroit entre la santé cardiovasculaire et le développement du cancer. Elle ouvre une piste nouvelle : celle d’une « cardiologie préventive élargie », qui ne se limiterait plus à anticiper les infarctus ou les insuffisances cardiaques, mais contribuerait aussi à prédire d’autres pathologies graves, comme le cancer.

Selon les auteurs, il ne s’agit pas de remplacer les méthodes actuelles de dépistage oncologique, mais de proposer une vision intégrée de la prévention, où les cardiologues, les biologistes et les oncologues travailleraient ensemble pour détecter plus tôt les patients à risque.

Quelles implications pour la santé publique ?

Si ces observations se confirment, elles pourraient transformer la manière dont les patients sont suivis à l’hôpital ou en médecine de ville. Les analyses de biomarqueurs cardiaques, déjà largement utilisées dans le cadre des bilans cardiovasculaires, pourraient également devenir des outils d’alerte en oncologie.

Cela permettrait :

  • d’identifier des patients « silencieusement » à risque,

  • de renforcer la surveillance médicale pour détecter plus tôt l’apparition d’un cancer,

  • d’optimiser la prévention en proposant des mesures adaptées (hygiène de vie, dépistages spécifiques, suivi renforcé).

Vers une médecine intégrée

Cette étude illustre une évolution majeure de la médecine moderne : la recherche de biomarqueurs transversaux, capables de renseigner sur plusieurs dimensions de la santé. Elle s’inscrit dans une logique de médecine préventive personnalisée, où chaque patient bénéficie d’un suivi ciblé selon ses risques spécifiques.

Comme le rappellent les chercheurs de l’UCLA, il reste encore à confirmer ces résultats sur des populations plus larges et à mieux comprendre les mécanismes biologiques reliant cœur et cancer. Mais une chose est certaine : la barrière entre cardiologie et oncologie est en train de s’estomper, ouvrant la voie à une nouvelle approche de la prévention globale.

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