Barrières de lit et tablettes de fauteuil : des mesures de contention délétères pour les personnes âgées
À l’hôpital ou en Ehpad, les mesures de contention physique restent encore utilisées : barrière de lit, tablette de fauteuil relevée… Elles visent en théorie à prévenir les chutes des personnes âgées. Mais de plus en plus d’experts tirent la sonnette d’alarme : loin de protéger, elles s’avèrent inefficaces et même nocives.
Une pratique héritée du passé
Dans les années 1980, il n’était pas rare de voir des personnes âgées attachées à leur lit avec des draps. Si ces pratiques brutales ont presque disparu, les formes de contention dites « passives » se sont maintenues, plus discrètes mais toujours présentes.
« Les barrières de lit sont la modalité la plus fréquente, mais il peut aussi s’agir de la tablette du fauteuil relevée. L’objectif est le même : empêcher la personne de se lever et de déambuler », explique Jean-Pierre Jacus, psychologue-chercheur à l’université Toulouse-Jean-Jaurès.
« Or, les données de la littérature montrent clairement que ce n’est pas efficace. Pire, c’est délétère. »
Plus de risques que de bénéfices
Le maintien prolongé d’une personne âgée dans son lit ou son fauteuil entraîne :
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fonte musculaire,
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perte osseuse,
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déconditionnement physique,
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désadaptation à la marche.
Résultat : lorsque le patient retrouve sa liberté de mouvement, son risque de chute augmente au lieu de diminuer.
Au-delà du danger physique, ces mesures favorisent aussi la perte d’autonomie et le sentiment d’enfermement. Plusieurs patients, encore capables de marcher et de se rendre seuls aux toilettes, témoignent avoir perdu cette capacité après des périodes de contention répétées.
Vers un changement de pratiques ?
Face à ces constats, de nombreux soignants plaident pour le développement d’alternatives non contraintes :
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surveillance renforcée,
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aides techniques adaptées,
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aménagement des espaces,
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accompagnement humain personnalisé.
Ces approches respectent mieux la dignité des personnes âgées tout en réduisant les risques réels de chute.