Ehpad : dans les établissements publics, augmenter les tarifs fait débat

Tarifs en Ehpad : un décret autorise une hausse des prix pour les résidents les plus aisés

Depuis le 1er janvier 2025, un nouveau décret permet aux Ehpad publics et associatifs d’augmenter plus librement les tarifs d’hébergement appliqués aux personnes âgées ne bénéficiant pas de l’Aide sociale à l’hébergement (ASH). Cette mesure, issue de la loi « Bien vieillir » adoptée en 2024, vise à adapter le modèle économique des établissements tout en maintenant la solidarité pour les plus modestes.

Jusqu’alors, les établissements publics et associatifs étaient contraints par un cadre tarifaire strict, ne leur permettant pas de faire varier les prix selon les ressources des résidents. Désormais, ils peuvent mettre en place des tarifications différenciées, avec des hausses ciblées sur les personnes âgées disposant de revenus plus élevés, tout en continuant à protéger les bénéficiaires de l’ASH.


Une mesure pour soulager les finances des Ehpad

Cette réforme intervient dans un contexte de grande tension budgétaire pour les Ehpad publics. Dans son enquête annuelle publiée le 13 mai, la Fédération hospitalière de France (FHF) alerte sur la situation préoccupante de ces établissements : hausse des coûts (alimentation, énergie, personnel), manque de financements publics, difficultés de recrutement… Beaucoup peinent à équilibrer leurs comptes.

Pour certains directeurs d’établissements, cette nouvelle marge de manœuvre tarifaire est donc perçue comme une bouffée d’oxygène indispensable pour assurer la continuité des services et la qualité des soins. Ils y voient un moyen de mieux répartir l’effort financier, en sollicitant davantage les résidents qui en ont les moyens.


Une application encore hétérogène

Cependant, la mesure divise sur le terrain. Tous les établissements n’ont pas choisi de l’appliquer, même lorsque leurs finances sont fragiles. Plusieurs directeurs d’Ehpad publics expriment des réticences éthiques, craignant que cette différenciation tarifaire ne crée un sentiment d’injustice ou n’altère l’esprit de solidarité qui prévaut dans les structures publiques.

D’autres soulignent les difficultés pratiques : il faut d’abord identifier clairement les ressources des résidents concernés, communiquer de manière transparente avec les familles, et éviter les effets contre-productifs, comme une baisse des demandes d’admission chez les personnes plus aisées.


Une réforme qui ouvre un nouveau débat

Si le décret ne remet pas en cause les fondamentaux de l’accès équitable à l’hébergement des personnes âgées, il marque néanmoins une évolution notable dans la gestion des Ehpad publics et associatifs. Il introduit une logique plus individualisée dans la contribution financière des résidents, en réponse à la crise du financement du secteur.

Le débat est désormais lancé entre nécessité économique, justice sociale et égalité de traitement. La façon dont cette réforme sera mise en œuvre localement, avec ou sans accompagnement national, déterminera son acceptabilité auprès des usagers et son efficacité pour sauver un secteur en difficulté.

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