Crise des urgences : une attente de plus en plus longue pour les patients

Temps d’attente aux urgences : une situation qui continue de se dégrader

Selon une récente étude publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les délais d’attente aux urgences ne cessent de s’allonger en France. En 2023, la moitié des patients ayant eu recours aux urgences ont dû attendre en moyenne plus de trois heures avant d’être pris en charge. Un chiffre en nette hausse par rapport à 2013, où le temps d’attente moyen était d’environ 2h15. En l’espace de dix ans, ce sont donc 45 minutes supplémentaires qui se sont ajoutées à l’attente des patients, signe d’un engorgement croissant des services d’accueil.

Cette tendance préoccupante est également illustrée par un autre indicateur alarmant : 15 % des patients ont dû patienter jusqu’à huit heures avant de recevoir une prise en charge médicale, contre 9 % en 2013. Ces chiffres révèlent une pression constante, voire insupportable, exercée sur les services d’urgences, désormais bien au-delà de leur capacité initiale.

Salon-de-Provence : un exemple parmi tant d’autres

Le service des urgences de l’hôpital de Salon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, incarne cette crise silencieuse. Comme de nombreux autres établissements en France, il doit faire face à une augmentation continue de la fréquentation. « Notre service d’urgence a été conçu pour accueillir entre 19 000 et 20 000 passages par an. Au 31 décembre 2024, nous en étions à 43 000 », explique le docteur Ali Mofredj, président de la Commission médicale d’établissement. Une fréquentation qui a plus que doublé sans que les moyens humains et logistiques suivent.

Cette surcharge s’explique en grande partie par la pénurie de médecins généralistes. Faute de pouvoir consulter rapidement un médecin de ville, de plus en plus de Français se tournent vers les urgences pour des soins qui ne relèvent pourtant pas d’une prise en charge immédiate. Résultat : les services se retrouvent à devoir gérer un afflux continu de patients, dont une partie pourrait être orientée vers d’autres structures si l’offre de soins en amont était suffisante.

Un manque criant de lits en aval

À cette problématique s’ajoute une autre difficulté structurelle : le manque de lits disponibles dans les services hospitaliers. Après leur passage aux urgences, de nombreux patients nécessitent une hospitalisation, mais doivent parfois attendre de longues heures – voire toute une nuit – sur un brancard, faute de lit libre dans les services concernés. Ce blocage en aval contribue à la saturation du service d’accueil et ralentit encore davantage la prise en charge des nouveaux arrivants.

Une situation nationale révélée par une enquête de grande ampleur

Ces constats s’appuient sur l’étude « Urgences 2023 », menée le mardi 13 juin 2023 auprès de 58 500 patients répartis dans 719 points d’accueil d’urgences à travers la France. Cette date a été volontairement choisie hors période de vacances scolaires et d’épidémie saisonnière afin de refléter la situation standard des services. Dix ans plus tôt, une enquête similaire avait été réalisée le 11 juin 2013, permettant ainsi une comparaison rigoureuse de l’évolution de la situation.

Les résultats publiés le 19 mars 2025 par la DREES confirment ce que les soignants et les patients vivent depuis plusieurs années : les urgences sont à bout de souffle. Le manque de personnels, de lits, et la défaillance de l’accès aux soins en amont (médecine de ville) entraînent un engorgement chronique. Face à cela, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une réforme structurelle du système de santé, avec un renforcement des effectifs, une meilleure coordination ville-hôpital et une régulation plus efficace de l’accès aux urgences.

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