Santé : désengorger les urgences et améliorer l’accès aux soins, un chantier prioritaire

Le nouveau gouvernement de Michel Barnier, et plus particulièrement la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq, fait face à un secteur en crise. Le système de santé français, en particulier les hôpitaux, a été fragilisé par plusieurs facteurs : la pandémie de Covid-19, les difficultés financières chroniques des établissements, le manque de personnel médical, ainsi que la saturation des services d’urgence. La nouvelle équipe ministérielle devra s’atteler à résoudre ces problèmes, tout en réformant en profondeur certains aspects du système de santé.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025

L’une des premières urgences pour la nouvelle ministre est la rédaction et la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, qui doit être voté avant la fin de l’année. Ce texte détermine le budget alloué à la santé publique, aux hôpitaux, ainsi qu’à l’ensemble du système de sécurité sociale, incluant les retraites, l’assurance maladie et les prestations familiales.

Le défi est d’autant plus grand que le gouvernement doit composer avec un déficit budgétaire élevé, tout en répondant aux besoins croissants de la population en matière de santé. La maîtrise des dépenses dans les hôpitaux, tout en assurant des soins de qualité, sera un équilibre difficile à trouver.

Désengorger les urgences, une promesse à tenir d’ici la fin de l’année

Les services d’urgence, particulièrement surchargés, constituent une priorité absolue pour la ministre. Emmanuel Macron s’était engagé à désengorger les urgences hospitalières d’ici la fin de l’année, une promesse qui repose sur une série de réformes destinées à améliorer la gestion des flux de patients et à orienter plus efficacement ceux qui n’ont pas besoin de soins urgents vers d’autres services de santé.

Plusieurs pistes sont à l’étude, notamment le développement de centres de soins non programmés, l’amélioration de la médecine de ville pour éviter que des patients se tournent vers les urgences pour des consultations non urgentes, ou encore l’augmentation des effectifs dans les services d’urgence. Cette dernière solution se heurte toutefois à la pénurie de personnel médical, un problème majeur qui affecte tout le secteur de la santé.

Lutter contre la désertification médicale

Un autre grand chantier de la nouvelle ministre de la Santé est de s’attaquer à la désertification médicale, un phénomène qui s’aggrave dans de nombreuses régions rurales de France. Des milliers de citoyens ont de plus en plus de mal à trouver un médecin traitant, et les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ou même un généraliste s’allongent.

Pour remédier à ce problème, plusieurs réformes sont sur la table. Parmi elles, la création de « maisons de santé pluridisciplinaires » dans les zones sous-dotées en professionnels de santé, permettant de regrouper médecins, infirmières, et autres praticiens pour assurer une prise en charge complète des patients. La réforme du métier d’infirmière, l’expérimentation de l’accès direct aux médecins spécialistes sans passer par le généraliste, et l’instauration de sanctions financières pour les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux sont également envisagées.

Amélioration des conditions de travail à l’hôpital

Les hôpitaux français souffrent d’un manque criant de personnel soignant, notamment d’infirmières et d’aides-soignants, ce qui pèse sur la qualité des soins et sur les conditions de travail des équipes en place. La crise sanitaire a exacerbé ces difficultés, mettant en lumière la surcharge de travail et le manque de reconnaissance des personnels hospitaliers.

Geneviève Darrieussecq devra travailler à la mise en place de nouvelles mesures pour attirer et retenir les talents dans le secteur hospitalier. Cela pourrait passer par des revalorisations salariales, une amélioration des conditions de travail, et un renforcement des équipes de soins. Le plan « Ségur de la santé », lancé après la première vague de Covid-19, avait déjà permis d’apporter certaines améliorations, mais il reste beaucoup à faire pour combler les manques.

Reprise des réformes en suspens

Plusieurs réformes ont été mises en pause en raison de la crise politique et de la dissolution de l’Assemblée nationale. Parmi elles, la réforme du métier d’infirmière, l’expérimentation de l’accès direct à certains spécialistes, ou encore la régulation des déserts médicaux par des incitations à l’installation de médecins dans les zones sous-dotées. Ces projets, qui sont essentiels pour améliorer l’accès aux soins sur tout le territoire, devront être relancés rapidement.

Le débat sur l’aide à mourir

La question de l’« aide à mourir » est également un sujet sensible que la nouvelle ministre pourrait remettre sur la table. Cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron vise à encadrer légalement l’assistance au suicide ou l’euthanasie pour les personnes atteintes de maladies incurables. Geneviève Darrieussecq, ancienne députée, a déjà participé aux débats parlementaires sur ce sujet et s’est montrée prudente, reconnaissant qu’il soulève de nombreuses interrogations éthiques et pratiques. Si le débat devait être relancé, il pourrait être l’un des chantiers sociétaux majeurs du quinquennat.

Une vision à long terme pour la santé publique

Au-delà des urgences immédiates, la ministre devra également s’atteler à la définition d’une vision à long terme pour le système de santé français. Cela inclut la modernisation des infrastructures, l’amélioration de la prévention en santé publique, et l’intégration des nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, dans le domaine médical pour optimiser les soins et améliorer les diagnostics.

L’ensemble de ces réformes et projets montrent l’ampleur de la tâche qui attend le gouvernement dans le domaine de la santé. Les attentes des professionnels de santé et de la population sont grandes, et il faudra des décisions rapides et efficaces pour répondre aux défis colossaux auxquels le système de santé français est confronté.

 

Partager cet article