Les hôpitaux privés espèrent un geste budgétaire fort du nouveau gouvernement

Alors que le secteur de la santé entame une rentrée sous pression en 2024, les hôpitaux privés se trouvent dans une situation délicate. Face à des coupes budgétaires et une augmentation des déficits, ils attendent des mesures concrètes du nouveau gouvernement, notamment de la nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq. Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), a exprimé les préoccupations du secteur lors du congrès de la FHP à Nancy, évoquant des priorités telles que l’alignement des salaires du privé avec ceux du public et un soutien financier accru.

Un écart salarial « intenable » entre privé et public

L’un des principaux points soulevés est l’écart salarial important entre le personnel hospitalier du public et celui du privé, en particulier pour les infirmiers. Actuellement, cet écart est estimé entre 15 % et 20 %, ce que Lamine Gharbi qualifie d’« intenable ». Il demande une égalité de traitement entre les deux secteurs, expliquant que le privé a besoin d’une revalorisation salariale pour rester compétitif et attirer les talents. La FHP appelle également au financement de l’avenant 33, un changement de classification qui permettrait une rémunération plus décente pour les salariés du privé.

Déficits croissants des cliniques privées

Le secteur privé fait face à une situation financière préoccupante, avec plus de 50 % des cliniques qui devraient être déficitaires en 2024, contre 40 % en 2023. Ces déficits s’expliquent en grande partie par l’inflation et des financements insuffisants. Les tarifs des actes médicaux, principalement remboursés par l’Assurance maladie et fixés par l’État, sont jugés insuffisants par la FHP. Lamine Gharbi a averti que sans une augmentation des tarifs de 4 % en 2025, la situation deviendra ingérable. Or, la loi de programmation des finances publiques ne prévoit qu’une hausse de 2,6 % pour les établissements de santé en 2025, loin des attentes du secteur privé.

Des accords financiers en suspens

Le secteur hospitalier privé est également en attente de la pleine application de l’accord financier conclu en mai 2023 avec le précédent ministre de la Santé, Frédéric Valletoux. Cet accord prévoyait une enveloppe de 240 millions d’euros pour revaloriser les salaires des personnels de nuit et de week-end, mais seulement 130 millions ont été débloqués jusqu’à présent. La FHP attend encore 80 millions d’euros pour financer ces revalorisations, et espère que la nouvelle équipe ministérielle tiendra les engagements pris.

Coopération autour des services d’urgence

L’organisation des services d’urgence est un autre sujet crucial pour les hôpitaux privés. La loi « Valletoux » de décembre 2023 donne aux Agences régionales de santé (ARS) le pouvoir de contraindre les hôpitaux publics et privés à collaborer pour assurer la permanence des soins 24h/24, 7 jours sur 7. Cependant, les cliniques privées estiment qu’elles sont sous-financées pour cette mission. Bien qu’elles réalisent entre 15 % et 20 % de l’activité des urgences, elles ne reçoivent que 8 % du financement dédié à la permanence des soins. Lamine Gharbi appelle à une meilleure répartition des ressources et à une rémunération adéquate des lignes de garde pour encourager une coopération efficace entre les secteurs public et privé.

Un appel à « retrouver l’esprit Covid »

Face à ces tensions, Lamine Gharbi a également insisté sur l’importance de renforcer la collaboration entre le secteur public et privé, appelant à « retrouver l’esprit Covid ». Pendant la pandémie, les deux secteurs avaient travaillé de manière solidaire pour gérer l’afflux de patients, et Gharbi espère qu’un tel esprit de coopération pourra se réinstaurer pour surmonter les défis actuels.

En résumé, les hôpitaux privés attendent du gouvernement Barnier des gestes budgétaires forts, allant de l’alignement des salaires à une meilleure prise en charge des services d’urgence. La nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, est attendue au tournant pour répondre à ces demandes urgentes, dans un contexte où la stabilité et le soutien financier sont essentiels pour éviter l’effondrement du secteur.

 

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