À l’initiative du journal Le Point, des experts et des professionnels de santé se sont réunis le 19 septembre à Paris pour débattre de la prévention, un sujet qui souffre cruellement d’un manque d’investissements en France.
Avec seulement 2,8 % des dépenses de santé allouées à la prévention, la France se classe 20ᵉ sur 26 parmi les pays européens membres de l’OCDE, bien loin de pays comme le Danemark ou la République tchèque. Pourtant, dans un contexte de vieillissement de la population, d’augmentation des maladies chroniques et de tensions hospitalières, l’investissement dans la prévention apparaît comme une priorité.
Pourquoi un tel retard dans la prévention en France ?
La France est reconnue pour son excellence en matière de soins curatifs, mais son retard en prévention reste inexplicable pour beaucoup. La nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sera-t-elle capable de changer la donne ? Lors de la 6ᵉ édition de la Soirée des hôpitaux, organisée le 19 septembre à l’Hôtel de l’Industrie à Paris, cette question a été débattue par des experts, des professionnels de santé et des usagers.
L’innovation comme moteur de la prévention
Aurélien Rousseau, député et ancien ministre de la Santé, a mis en lumière l’importance de la prévention en déclarant : « Pendant le Covid, les Français ne sont pas morts d’un manque de lits en réanimation, ils sont morts d’être obèses. » Cette déclaration souligne la négligence envers la prévention dans le système de santé français, un constat partagé par Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France et ancien ministre de la Santé. Selon Bertrand, « le système de santé français s’est construit sur le curatif. Aujourd’hui, on ne réfléchit qu’en termes de dépenses ». Il rappelle que la prévention est un investissement dont les bénéfices se manifestent sur le long terme, un horizon souvent jugé trop éloigné pour Bercy. Il appelle à l’adoption de nouveaux indicateurs pour mesurer les effets positifs de la prévention.
En effet, bien que la France possède l’un des systèmes de santé les plus avancés au monde, elle a régressé en termes d’espérance de vie, ce qui, selon Bertrand, devrait être « l’indicateur principal ».
Préparer l’avenir : l’innovation et l’IA au service de la prévention
Au-delà des économies à long terme, investir dans la prévention permettrait de développer l’innovation et renforcerait le rôle de la France sur la scène internationale, notamment dans l’intelligence artificielle (IA) appliquée à la santé. « En France, nous disposons de données de santé d’une qualité exceptionnelle, un trésor sur lequel il faut capitaliser », déclare Aurélien Rousseau. Cependant, Charlotte Garret, directrice médicale du Lab innovation chez Santéclair, tempère cet enthousiasme : « Il nous manque des données sur nos habitudes de vie, comme la consommation de tabac ou les habitudes alimentaires, qui sont essentielles pour une médecine prédictive efficace. »
Conclusion : La prévention, une urgence nationale
Dans un système de santé historiquement centré sur le curatif, la prévention reste un domaine sous-investi. Pourtant, face aux défis démographiques et sanitaires actuels, elle représente une solution d’avenir indispensable. Les experts s’accordent sur le fait qu’investir dans la prévention, c’est non seulement réduire les dépenses à long terme, mais aussi offrir à la France une place centrale dans l’innovation médicale internationale.