La situation dans les services d’urgence en France est de plus en plus tendue. Les assistants de régulation médicale (ARM), ces professionnels en première ligne qui répondent aux appels d’urgence au numéro 15, sont particulièrement touchés. Face à une charge de travail croissante et des conditions de travail de plus en plus difficiles, ils ont décidé de se mettre en grève. L’Association française des assistants de régulation médicale (AFARM) rapporte que 69 des 100 SAMU en France sont actuellement en grève.
Antoine Hubert, cadre au SAMU de la Manche, témoigne de la réalité quotidienne de ces professionnels : « Les téléphones sonnent constamment. Il arrive que certains de nos assistants renoncent à leurs pauses, tout en s’efforçant de répondre le plus rapidement possible aux appels, afin de ne pas laisser les patients dans l’attente. » Il ajoute que la situation s’est considérablement détériorée ces derniers mois. En août 2022, le SAMU de la Manche recevait en moyenne 1 100 appels par jour. Aujourd’hui, ce chiffre a bondi à 1 500 appels quotidiens.
Plusieurs raisons expliquent cette augmentation. Dans de nombreux départements, le numéro 15 est devenu le principal point d’accès aux urgences. Cette centralisation, bien que nécessaire pour une meilleure gestion des urgences, a entraîné une surcharge des appels. Les patients, souvent anxieux et dans le besoin, se tournent vers le 15, ce qui met une pression supplémentaire sur les ARM.
La France compte actuellement 2 500 ARM. Selon l’AFARM, ce nombre est largement insuffisant pour faire face à la demande croissante. L’association estime qu’il faudrait au moins 800 postes supplémentaires pour permettre aux ARM de travailler dans des conditions décentes et humaines.
Les négociations concernant la revalorisation des salaires des ARM, entamées sous la direction de François Braun, ancien ministre de la Santé, n’ont pas porté leurs fruits. L’AFARM espère maintenant que le nouveau ministre, Aurélien Rousseau, prendra des mesures concrètes pour résoudre cette crise. M. Rousseau est attendu à Toulouse le 14 août pour des discussions avec les équipes du SAMU 31, une occasion pour lui de comprendre de première main les défis auxquels sont confrontés les ARM et de discuter des solutions possibles.
