Réorganiser et guérir les lignes

Le système de santé actuel a besoin de transformation pour résoudre ses problèmes. La première ligne, ou l’accès principal au réseau public de santé, devrait être améliorée pour offrir un accès rapide, coordonné et complet aux soins et aux services de santé, en particulier dans les grandes villes où il y a un manque de médecins de famille. Cependant, il n’est pas clair à quoi devrait ressembler la première ligne dans les 10 à 15 prochaines années.

 

Il y a eu deux tentatives connues pour planifier l’avenir de la première ligne de soins de santé. La première a eu lieu au début des années 1970 et consistait en la planification d’une première ligne intégrée dans les centres de services de santé et de services sociaux communautaires (CLSC). Cette idée n’a toutefois jamais été mise en œuvre, en partie à cause de la résistance de la profession médicale. Depuis l’adoption de l’assurance maladie en 1970, le médecin de famille est devenu la pierre angulaire du système de santé et a été chargé de nombreuses responsabilités, ainsi que d’interventions qui pourraient être mieux effectuées par d’autres professionnels de la santé. Par exemple, un psychologue est mieux placé pour traiter les personnes en épuisement professionnel, tandis qu’une physiothérapeute pourrait s’occuper de maux de dos courants et qu’une infirmière praticienne pourrait suivre les enfants en bonne santé.

 

La planification à long terme de la première ligne de soins s’est faite une deuxième fois au début des années 2000 grâce à la commission Clair, dirigée par l’ancien ministre de la Santé péquiste. Les groupes de médecine de famille (GMF) ont été mis en place en tant que nouvelle approche. Cependant, les gouvernements ont accordé trop de liberté aux GMF sans leur fournir les ressources professionnelles nécessaires pour accomplir leur mission, ce qui a abouti à un système instable avec des résultats variables selon les régions. En dehors des établissements de santé et des GMF, l’assurance publique ne remplit plus son rôle et laisse les patients sans accès à des services de qualité dépendants de leurs moyens financiers. Pour améliorer la situation, il est important de se poser les bonnes questions et de trouver des réponses maintenant, afin de ne pas changer les choses sans les améliorer.

 

Il est essentiel de mettre en place une première ligne de soins qui soit coordonnée, interdisciplinaire, accessible et surtout, adaptée aux besoins des patients. Pour cela, il est nécessaire que les médecins de famille se concentrent sur la médecine familiale, c’est-à-dire sur le traitement de tous les patients de tous âges et de tous états de santé, tandis que d’autres professionnels de santé prennent en charge les problèmes pour lesquels ils sont mieux qualifiés. Il est également important que ces interventions soient couvertes par l’assurance publique afin d’avoir un système de santé fonctionnel. Cependant, en dehors des établissements de santé et des groupes de médecine de famille, l’assurance publique ne couvre généralement pas les professionnels autres que les médecins, laissant les patients dépendre d’une offre disparate de services dont l’accès dépend de leurs moyens financiers.

 

En conclusion

Il est important de réorganiser la première ligne de soins pour qu’elle soit coordonnée, interdisciplinaire, accessible et surtout pertinente. Si de nouveaux points de service sont créés sans être liés aux autres professionnels, cela risque de compliquer la situation et de rendre difficile pour les patients de s’orienter dans le système de santé. Le médecin doit rester impliqué dans les situations cliniques complexes pour assurer la continuité des soins et des services avec les autres professionnels, en particulier pour les personnes âgées fragiles. Il est important de réfléchir collectivement à ces enjeux dès maintenant pour les 10 ou 15 prochaines années.

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