Bourgoin-Jallieu : les enfants et les adolescents ne peuvent plus être hospitalisés en pédopsychiatrie

Les adolescents et les enfants du Nord-Isère ne peuvent plus être hospitalisés en pédopsychiatrie à l’hôpital Pierre Oudot de Bourgoin-Jallieu. Face aux départs de nombreux médecins, le service ne peut plus qu’assurer un accueil de jour.

Il n’y a plus vraiment de service de pédopsychiatrie au Centre Hospitalier Pierre Oudot de Bourgoin-Jallieu en Nord-Isère. Suite à de nombreux départs des médecins du service, les hospitalisations d’adolescents et d’enfants sur plusieurs jours ne sont plus possibles. Ils peuvent seulement être accueillis la journée et c’est bien insuffisant dans certains cas. Des médecins ont démissionné et dénoncent par ce geste des désaccords avec le médecin chef et le manque de moyens pour l’hôpital.

De mauvaises conditions pour recevoir les jeunes patients

L’un des soignants du service de pédopsychiatrie accepte de témoigner anonymement pour France Bleu Isère. « Moi, je suis l’un des premiers à être tombé face à cette difficulté de soigner mes patients » raconte-t-il. Face à son sentiment de ne plus pouvoir s’impliquer comme il le voudrait, il est en arrêt maladie depuis plusieurs mois et envisage lui aussi de quitter l’hôpital.

« Quand cette implication, on ne peut plus la tenir correctement, malheureusement on préfère arrêter de recevoir des patients si on n’est pas en état de le faire. » Il assure que s’ils tiennent le coup, plusieurs de ses collègues partagent ce sentiment. « On a toujours une façon de tenir en disant que ça sera peut-être mieux demain, mais là, on est au bout, au bout, au bout du rouleau. On tient, on fait semblant et ce n’est pas des conditions pour recevoir dignement la souffrance de nos jeunes patients. »

Pour une hospitalisation complète, les adolescents ou les enfants et leur famille doivent désormais aller à Lyon ou à Grenoble. Le service de Bourgoin-Jallieu tient l’accueil de jour avec une équipe plus que réduite. « Ce sont des soignants qui étaient déjà dans l’accueil de jour mais à qui on a demandé de repenser leurs manières de faire et surtout, sans appui médical » continue ce soignant qui témoigne alors que cet appui médical « c’est le pivot dans un centre de soin comme celui-là ».

Hospitalisation en pédiatrie si nécessaire

D’après lui, suite au départ des pédopsychiatres, le reste des soignants perdent leur possibilité de « prendre du recul, de réfléchir » alors que « c’est l’essence du soin. Sans ça, on n’est plus vraiment dans du soin. On est plus, je n’aime pas dire ce mot, mais dans une sorte de gardiennage élaboré, mais ce n’est pas vraiment du soin. »

Contactée par France Bleu Isère, la direction du CHPO assure que la fermeture de l’unité d’hospitalisation est provisoire. Elle précise que certains médecins ne sont plus là car ils sont partis en retraite et non pas parce qu’ils auraient démissionné. Quant à la prise en charge des adolescents en crise, elle peut se faire au niveau des urgences pédiatriques souligne la directrice Laurence Bernard. Ils peuvent être transférés vers un autre centre hospitalier selon la gravité de leur état mais en cas d’urgence vitale, les patients peuvent être hospitalisés en pédiatrie.

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