Pénurie de soignants dans les hôpitaux : le gouvernement promet des mesures avant l’été

Par manque de personnel, 120 hôpitaux sont actuellement contraints de limiter leurs activités aux urgences. La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon annonce qu’elle va d’abord consulter et rencontrer les soignants ces deux prochaines semaines.Par manque de personnel, 120 hôpitaux sont actuellement contraints de limiter leurs activités aux urgences. La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon annonce qu’elle va d’abord consulter et rencontrer les soignants ces deux prochaines semaines.

Tout juste promue ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, s’empare du dossier brûlant qu’est la crise des hôpitaux. Actuellement, 120 services d’urgence sont contraints de limiter leur activité ou s’y préparent, faute de personnels soignants (médecins, infirmiers, aides-soignants), selon l’association Samu-Urgences de France (SUdF). Cela représente quasiment 20% des quelque 620 établissements – publics et privés – hébergeant un ou plusieurs services d’urgences. Si rien n’est fait face à la pénurie de personnel soignant, l’été, avec les congés payés, s’annonce « atroce ». « On n’a jamais connu une telle tension avant même la période estivale », alertait la semaine dernière le SUdF.

De gros CHU, comme celui de Bordeaux, ont par exemple été contraints de mettre en place un système de régulation d’accès aux urgences pour soulager les équipes soignantes en sous-effectif. « Entre 40 et 50% » de médecins urgentistes manquent à l’appel, « deux médecins présents la nuit au lieu de trois » et « la moitié des lits fermés faute de personnel paramédical », selon le docteur Philippe Revel, chef du pôle des urgences adultes de l’Hôpital Pellegrin et directeur du SAMU, cité par l’AFP.

Brigitte Bourguignon prévient qu’elle ne réglera pas les problèmes en « 48 heures ». Mais elle promet de prendre des mesures « pour faire face à l’été » et répondre à la pénurie de personnels (médecins, infirmiers, aides-soignants).

« Nous avons pris pleinement conscience de cette crise dès maintenant. Le président de la République fait de la Santé le ,chantier prioritaire », a assuré Brigitte Bourguignon. « La France souffre surtout d’une pénurie globale de personnels, pas seulement de médecins, mais aussi d’autres soignants.»

Concertation durant deux semaines

La ministre annonce qu’elle va dans un premier temps rencontrer les soignants. Elle se donne deux semaines pour prend le pouls.

« Ma méthode va être celle de la concertation car les situations ne sont pas toutes les mêmes partout en France. Je ne vais pas vous donner les solutions qu’on va trouver, car je vais les construire avec les gens qui sont sur le terrain », a-t-elle expliqué au micro de RTL. « Je vais les rencontrer, j’ai 15 jours devant moi pour le faire, j’ai déjà toutes ces rencontres prévues dans mon agenda », a-t-elle précisé, ajoutant vouloir « écouter » les soignants.

Samedi dernier, lors de sa passation avec son prédécesseur au ministère de la Santé, Brigitte Bourguignon avait concédé que repenser le système de santé « est une tâche difficile (…), nous sortons d’une crise Covid qui a fatigué et éprouvé tous les professionnels » de santé. « Ce qu’ils nous demandent (les soignants) c’est plutôt de valoriser l’engagement qu’ils ont parfois, que ce soit le travail de nuit, les week-ends, et ça c’est différent », avait-elle ajouté, rappelant que le gouvernement a déjà « investi cette année 19 milliards, à la fois dans la revalorisation salariale et dans les hôpitaux ». Loin d’être suffisant manifestement…

Difficultés persistantes pour attirer et recruter des soignants

Face à l’urgence de la situation, cette nouvelle prise de contact ne doit pas déboucher sur un énième échec, comme l’a été le Ségur de la santé, qui s’est déroulé du 25 mai 2020 et le 10 juillet 2020 au ministère de la Santé et des Solidarités, et qui a abouti à la mise en place d’un cycle de consultation et de concertation des acteurs du système de soin.

Comme le rappelaient des experts en début d’année dans un article publié sur le site de La Tribune, l’objectif affiché de ces rencontres était d’améliorer le quotidien des soignants et l’accueil des malades à l’hôpital. Il s’est conclu par une augmentation de 183 euros nets par mois accordée à 1,5 million de professionnels des hôpitaux et des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics, mais aussi sur de nouvelles majorations pour les heures supplémentaires et le travail de nuit. Les sages-femmes qui travaillent à l’hôpital public ont en outre obtenu une revalorisation de 520 euros net par mois à la suite de leur mouvement de grève de novembre 2021.

Pour autant, l’hôpital rencontre toujours des difficultés pour attirer et recruter des soignants et le mécontentement est toujours perceptible. Des soignants avaient ainsi manifesté samedi 4 décembre 2021, dans toute la France, pour soutenir l’hôpital public, et continuer de dénoncer le manque de personnel, les problèmes de rémunération et les conditions de travail dégradées.

La hausse de rémunération comme politique de reconnaissance du travail semble s’avérer insuffisante pour l’hôpital public, à bout de souffle. Il apparaît donc aujourd’hui incontournable de mettre en place une véritable politique envers le personnel hospitalier qui dépasse la seule question de la rémunération.

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