Hausse des prix, manque de personnel, énergie : les EHPAD alsaciens « ne voient pas le bout du tunnel »

Frappés de plein fouet par la pénurie de personnel et la hausse générale des prix, les EHPAD demande l’aide de l’État pour faire face à une situation qui s’aggrave. Au Diaconat de Bischwiller, la directrice a été contrainte de fermer des lits.

« La balade des gens heureux » de Gérard Lenorman résonne dans la salle d’animation du Diaconat de Bischwiller (Bas-Rhin) jeudi 3 novembre. Comme chaque jeudi, un professionnel anime une après-midi musicale et danse avec les résidents. « Quand on voit ça, on se dit qu’il n’y a pas de problème », sourit Michèle Fischer, la directrice de l’établissement, avant de reprendre : « mais nos personnels s’épuisent et on n’a pas de perspectives. » 

5 lits fermés par manque de personnel

Les maisons de retraite comme la sienne sont frappées de plein fouet par tous les problèmes liés à la reprise économique post-confinement. Hausse des prix pour l’alimentaire, augmentation des prix de l’énergie, manque de personnel. C’est d’ailleurs le problème n°1 du Diaconat de Bischwiller (62 résidents). « Il y a quelques semaines, il nous manquait six personnes pour près de 18 équivalent temps plein », souffle Michèle Fischer.

Elle est donc contrainte de recourir à l’intérim, qui coûte beaucoup plus cher« Pour une aide-soignante, c’est deux fois plus cher. Mais je n’ai pas le choix, car sans intérim, je ferme la boutique. » Elle souhaiterait que les établissements privés, privés à but non-lucratif et public s’alignent sur les salaires pour éviter la concurrence et que les employés finissent par opter pour l’intérim.

Entouré de plusieurs établissements pour personnes âgées, le Diaconat peine à recruter dans le bassin de Bischwiller
Entouré de plusieurs établissements pour personnes âgées, le Diaconat peine à recruter dans le bassin de Bischwiller © Radio France – Jules Hauss

En attendant, elle demande à ses équipes de faire ce qu’elles peuvent. « Si on doit repousser une douche, on le fait un jour, deux jours… mais mes équipes n’acceptent pas ce soin dégradé. Donc elles rognent sur leur pause pour faire la douche », illustre Michèle Fischer.

Pour soulager son personnel, elle a toutefois été contrainte de ne pas rouvrir cinq lits libérés« Ce n’est pas la solution, puisqu’on ne va pas toucher les montants de ces cinq séjours. Mais on n’avait pas le choix. C’est tout ce qu’on pouvait faire pour montrer à notre personnel qu’on le comprend et le soulager ».

« On pensait que le Covid avait mis en lumière nos problématiques, mais là on ne voit pas la lumière au bout du tunnel » – Michèle Fischer, directrice du Diaconat de Bischwiller

Les établissements privés à but non-lucratifs ont récemment été autorisés par la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) à augmenter de 2% leur tarif pour faire face à la crise qu’ils traversent« C’est un bol d’air, mais ça ne suffit largement pas à combler », se désole la directrice du Diaconat.

Elle déplore l’absence de perspectives que lui offrent le contexte actuel : « On pensait que le Covid avait mis en lumière nos problématiques, mais là on ne voit pas la lumière au bout du tunnel. D’abord le Covid, puis les problèmes de recrutement et maintenant la hausse des prix. »

Par chance, pour le moment son établissement n’est pas encore trop touché par les factures d’énergie qui grimpent. Le contrat avec le fournisseur court jusqu’à la fin de l’année. Elle attend donc avec un peu d’angoisse les montants de l’année prochaine.

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