Plus d’infirmiers égal à plus de vies sauvées

Un ajustement des effectifs selon la tension à l’hôpital entraîne moins de décès, des séjours plus courts, et d’importantes économies, pointe une étude australienne.

Selon des travaux australiens publiés dans la revue médicale The Lancet, une politique de santé instaurant un minimum d’un(e) infirmier(ière) pour quatre patients lors des gardes de jour aurait des effets bénéfiques sur la mortalité à l’hôpital, ainsi que sur la durée des séjours et le nombre de réadmissions potentielles. Des économies à long terme représentant le double du coût des embauches supplémentaires ont également été observées dans des hôpitaux de l’île-continent. 

Précisons-le d’emblée : cette étude n’a pas été réalisée durant la pandémie de Covid-19. Ses conclusions s’inscrivent plutôt dans la lignée d’autres résultats, parus en 2014 et soulignant que dans neuf pays européens les patients admis dans les hôpitaux les mieux dotés en personnel infirmier étaient moins susceptibles d’y mourir qu’ailleurs. Mais en cette Journée internationale des infirmières, si précieuses dans le contexte actuel, difficile de ne pas voir dans ses conclusions un message aux autorités de santé du monde entier, dont la France. Depuis des années, la profession fait régulièrement part de son mal-être en ce qui concerne ses conditions de travail rendues encore plus difficiles à l’ère du Covid-19

7% de mortalité en moins et des millions de dollars économisés

L’étude australienne a été menée entre 2016 et 2018 sur plus de 400 000 patients et 17 000 infirmiers dans 55 hôpitaux du Queensland, un Etat australien situé au nord-est du pays. Dans les 27 établissements où le ratio d’un professionnel pour quatre patients a été respecté – au lieu d’un pour cinq auparavant, passant à un pour sept la nuit – et comparé aux 28 autres (à un pour six), le risque de décès jusqu’à 30 jours après la sortie et de réadmission dans les sept jours a chuté de 7%. La durée du séjour a diminué de 3%.

Des résultats pas forcément surprenants, diront certains. L’augmentation du personnel réduit la charge de travail de chacun et favorise logiquement un meilleur suivi des patients. Mais à quel prix ? C’est peut-être ici que l’étude fait mouche. Les chercheurs estiment qu’en deux ans, cette politique a permis d’éviter 145 décès, 255 réadmissions et un total de 29222 jours d’hospitalisation. Le tout, pour un coût de plus de 69 millions de dollars. Le prix des embauches pour appliquer plus scrupuleusement le ratio ? Un investissement de 33 millions de dollars.

« Une part de la réticence à imposer un ratio infirmier-patient de la part de certains décideurs résulte dans la hausse prévue des coûts due à l’augmentation en personnel. Nos résultats suggèrent que cela est dû à une vision court-termiste et que les économies générées par la prévention des réadmissions et la réduction de la durée des séjours à l’hôpital représentaient plus du double du coût d’embauche des infirmières supplémentaires nécessaires pour atteindre les niveaux d’embauches requis : un retour sur investissement clair, explique l’un des auteurs, le professeur Patsy Yates de la Queensland University of Technology School of Nursing. Nous encourageons les gouvernements à examiner ces chiffres et à se demander s’ils peuvent se permettre de ne pas le faire. »

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