19 Mai : Retour sur un tournant de la crise sanitaire

Le respect du calendrier de déconfinement, et de vaccination, est une victoire pour le gouvernement et un grand soulagement pour l’ensemble de la population. Mais ce retour à la normale progressif n’obère pas la forte incertitude que fait peser la crise sanitaire sur la reprise.

Un calendrier bien respecté

En dépit d’une météo capricieuse, la réouverture, mercredi 19 mai, des terrasses, comme celle de nombreux commerces et lieux de culture fermés depuis des mois, est une fête. Elle symbolise le retour à un début de vie sociale, après des mois de repli sur soi. Le bout du tunnel n’est pas encore là, mais on entrevoit enfin la sortie. C’est bon pour le moral, essentiel pour la reprise économique, vital pour les artistes confrontés depuis 203 jours à la fermeture des cinémas, théâtres et musées. Ce bol d’air aidera aussi chacun d’entre nous à attendre les étapes ultérieures du déconfinement, qui vont s’étaler jusqu’à la fin du mois de juin, date à laquelle le couvre-feu devrait totalement disparaître.

Il y avait tant de « si », dans la programmation du retour à la vie normale annoncé le 29 avril par Emmanuel Macron, tant de doutes émis par une partie du corps médical sur la viabilité du projet, que le respect, au jour près, du calendrier annoncé apparaît comme une victoire.

L’épidémie, ces dernières semaines, a de fait nettement reculé. Le taux d’incidence a chuté à 142 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur sept jours, contre plus de 400 début avril. La forte pression qui s’exerçait sur les services de réanimation est devenue plus supportable : le nombre de malades du Covid-19 soignés à l’hôpital est tombé sous le seuil de 23 000 en début de semaine, son plus bas niveau depuis octobre. Simultanément, le gouvernement est parvenu à tenir l’objectif qu’il s’était assigné en décembre 2020 : avoir vacciné 20 millions de personnes à la mi-mai.

Ce calendrier de réouverture s’inscrit dans le prolongement d’une stratégie présidentielle qui avait consisté, au moment de l’apparition de la troisième vague, à retarder au maximum la date du reconfinement. Le but était de minimiser le coût psychologique et social d’un enfermement prolongé et de préserver autant que possible l’avenir de la jeunesse en limitant le nombre de jours d’école perdus. Ce choix a fait débat, car il s’affranchissait des recommandations du conseil scientifique face à l’apparition de nouveaux variants. Aujourd’hui, les polémiques sont mises en sourdine, et une très large majorité de Français approuvent la façon dont est conduit le déconfinement.

Vivre avec les variants

Jour heureux, le 19 mai n’est pas pour autant jour d’insouciance. L’ambiance est à cet égard radicalement différente de celle qui avait prévalu l’été denier. La légèreté a disparu. Même si les vaccins sont là, plus personne ne croit que l’épidémie va fondre au soleil de l’été. Il va falloir s’entourer de précautions, apprendre à vivre avec les variants. Ce climat très particulier fait peser sur la reprise une incertitude majeure : d’un côté, la légitime aspiration à retrouver une vie normale, de l’autre la peur de la maladie, mais aussi du chômage et de toutes les autres formes d’insécurité. Cela ressemble à de la navigation à vue, à un moment où le pays, nourri pendant plus d’un an au « quoi qu’il en coûte », va devoir trouver en lui-même le ressort pour rebondir.

Le rapport que vient de remettre l’épidémiologiste suisse Didier Pittet au président de la République sur l’évaluation de la gestion de la crise sanitaire est à cet égard précieux. Il ne dissimule aucune des faiblesses du système de santé français, mais se garde du catastrophisme dont s’est repue une partie des forces politiques tout au long de la crise sanitaire. La capacité de rebond existe. Il faut juste la saisir.

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