Covid-19 : l’hypothèse d’un accident à l’Institut de virologie de Wuhan relancée

Après la divulgation de travaux inédits, des scientifiques de renom appellent à examiner l’hypothèse de l’accident, rapporte « Le Monde ».

Une théorie à considérer sérieusement. Une vingtaine de scientifiques ont publié, jeudi 13 mai, une lettre dans la revue Science appelant à examiner l’hypothèse d’un accident à l’Institut de virologie de Wuhan comme potentielle source de la pandémie, rapporte Le Monde.

Les scientifiques réclament l’ouverture des archives au public. « Des enquêteurs doivent pouvoir documenter la véracité et la provenance des données à partir desquelles les analyses sont effectuées et les conclusions tirées », estiment le microbiologiste David Relman (université de Stanford), le virologue Jesse Bloom (université de Washington) et leurs seize coauteurs.

Une lettre publiée quelques heures seulement après la divulgation sur Twitter de trois travaux universitaires rédigés en chinois, une thèse de doctorat et deux mémoires, menés ces dernières années à l’Institut de virologie de Wuhan. Ces travaux, partagés par un scientifique anonyme, remettent en cause certaines données connues des scientifiques comme le nombre et la nature des coronavirus détenus par le laboratoire de Wuhan, mais aussi les expériences qui y ont été conduites et l’intégrité des séquences génétiques publiées par l’Institut.

La thèse de doctorat remet notamment en question des données acquises par les scientifiques sur le virus RaTG13, un coronavirus proche du Sars-CoV-2. En effet, la séquence génétique du RaTG13 avait été publiée le 3 février 2020 dans la revue Nature par les chercheurs de l’Institut de Wuhan. Seulement, quelques semaines plus tard, une microbiologiste italienne a indiqué sur un forum de virologie qu’un morceau de la séquence génétique avait déjà été publié en 2016 par les chercheurs du laboratoire. Elle avait par ailleurs signalé que le virus en question ne s’appelait alors pas RaTG13, mais Ra4991.

Des zones d’ombre sur le virus RaTG13

Le lieu où a été prélevé le RaTG13 est également au centre des préoccupations. Ce dernier proviendrait d’une mine désaffectée à Majiang, dans la province du Yunnan, où six ouvriers avaient contracté une pneumopathie en 2012, dont les symptômes ressemblaient au Sars ou au Covid-19.

Les chercheurs de l’Institut de Wuhan avaient finalement indiqué en novembre 2020 que huit autres coronavirus de type Sars avaient été recoltés. Mais ces derniers n’ont pas été rendus publics.

Relancer l’enquête

Autre découverte : le nombre d’échantillons sanguins, de quatre ouvriers tombés malades dans la mine, reçus et analysés par les chercheurs de Wuhan, ne serait pas de 13 mais de 30, selon un des trois travaux publiés. Les recherches sur l’infectivité de différents coronavirus n’auraient pas non plus été présentées dans leur intégralité.

Ces révélations accentuent la pression sur les autorités chinoises en vue de relancer l’enquête sur l’hypothèse d’un accident dans le laboratoire de Wuhan. « L’objectif de cette lettre est de fournir un soutien scientifique aux personnes ayant le pouvoir de lancer une enquête internationale, explique la biologiste moléculaire Alina Chan, coautrice de l’article. « Ils pourront s’y référer pour dire que des scientifiques de haut niveau, dans toute une série de domaines pertinents, pensent qu’une enquête rigoureuse sur l’hypothèse de l’accident de laboratoire est nécessaire », ajoute-t-elle.

De nombreuses personnalités réclament également une enquête, notamment Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, qui avait déclaré fin mars qu’une investigation était nécessaire.

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